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Le Limousin médiéval par Christian Bélingard

Duel judiciaire à Saint-Vitte-sur-Briance

Christian Bélingard
Au début du XIIème siècle, en Limousin, un duel judiciaire fut organisé pour trancher une vive querelle opposant la noble famille de Pierrebuffière, d'une part, et les moines de l'abbaye d'Uzerche, d'autre part. Les deux parties revendiquaient en effet la possession d'un étang situé sur la paroisse de Saint-Vitte-sur-Briance, aujourd'hui commune du canton de Saint-Germain-les-Belles, Haute-Vienne. L'issue de ce duel fut favorable aux moines d'Uzerche.(1)

 

Le recours au duel judiciaire est courante dés le haut Moyen Age au sein des institutions et des tribunaux ecclésiastiques. C'est l'une des formes connues du "Jugement de Dieu" que l'on désigne aussi sous le terme savant d'ordalie. "Le combat est toujours précédé d'une série de préliminaires, actes religieux et juridiques ou préparatifs militaires: dans l'ordre habituel, veillée de prières, messe, armement des adversaires, présentation devant l'empereur  (celui-ci étant le juge du combat), serment prêté successivement par chacun des deux champions sur les reliques qu'il doit ensuite baiser, entrée en champ clos; vient ensuite le combat, dont le premier moment est une joute à cheval, suivie d'un long affrontement où les champions, à pied, utilisent généralement l'épée. Le dénouement intervient quand l'un des deux combattants ( dans les chansons de geste, c'est le coupable) est abattu à terre par son adversaire et se montre incapable de se relever. Il avoue alors ses forfaits et reconnaît la fausseté des accusations qu'il avait portées; il est ensuite décapité par le vainqueur, innocenté autant par les aveux explicites du vaincu que par sa propre victoire." (2)


                      combat de tristan et de morhaut                        

                                   Combat de Tristan et de Morhaut, B.N.F, français 97, 1er quart XVème s.

 

 

 

L'Eglise avait cependant jeté l'anathème sur cette pratique ( en 855, le Concile de Valence excommuniait celui qui tuait son adversaire). Dés le commencement du XIIème siècle, on avait diminué le  nombre des causes qui pouvaient être décidées par un duel judicaire. "On admettait volontiers la conciliation au moment du combat, et même quelquefois après les premiers coups... Seulement, une fois le gant jeté, il y avait lieu à une amende au préjudice des deux parties, qui se versait dans le trésor du Duc ou du Comte." (3). Saint-Louis essaya d'abolir cette coutume ( en lui substituant la preuve par témoins) mais il n'y parvint que dans les terres de son domaine et l'effet de la réforme fut insignifiant. En 1306, Philippe le Bel mit une fin à la pratique du duel judiciaire.

 

 

 

Cependant l'usage du duel, en tant qu'affrontement pour laver son honneur, ne fut pas abandonné pour autant. Le 21 juin 1627, deux jeunes nobles (Montmorency-Boutteville et des Chapelles) furent décapités en place de Grève, à Paris, pour s'être battus en duel malgré les ordres du cardinal de Richelieu, Premier ministre du roi Louis XIII, qui  voulait lui aussi mettre un terme à ces pratiques...médiévales.

 


(1)  Cartulaire de l'abbaye d'Uzerche, ed. J.B. Champeval, Paris-Tulle, 1901 ( notices 610 et 616)
(2) Marguerite Rossi,  le motif du duel judiciaire dans Gaydon, Paris, 1975, Nouvelle bibliothèque du Moyen Age
(3) Le Moyen Age et la Renaissance, dir. Paul Lacroix, 1848

 

 

 

 

 

 

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